- Cerisiers de Fukushima >
- Fukushima, Paris, Londres
Lorsque je suis allée dans les régions sinistrées qui avaient été immédiatement contaminées par la radioactivité à cause de l'accident de la centrale nucléaire, je n'ai aperçu aucun habitant. Les rideaux, aux fenêtres solidement fermées des maisons, dégageaient une atmosphère lugubre, effrayante. Derrière la silhouette solitaire des chiens laissés à l'abandon, s'étendaient des champs et rizières qui commençaient à être envahis d'herbes. Malgré tout, je me suis laissée apaiser par les cerisiers qui fleurissaient vaillamment.
Je me rends régulièrement dans les régions sinistrées de Fukushima, et les gens y sont exténués, ils souffrent d'avoir été « dépossédés de leur vie » à cause des radiations. Ils espéraient pouvoir rentrer vivre chez eux si la « décontamination » progressait, mais nous savons que la radioactivité résiduelle subsiste plus longtemps que ne dure une vie humaine.
Certains, bien que saisis par l'inquiétude, se marient, ont des enfants et des familles s'agrandissent. Le paysage évolue dans les régions sinistrées où des serres en plastique sont installées dans les champs pour la floriculture. Les travaux d'enfouissement de déchets décontaminés dans les « unités de stockage temporaire » se poursuivent dans la ville d'Ôkuma. En arrière-plan de tout cela, il y a les larmes de ceux qui ont été dépossédés de leur maison, de leurs champs, et même de la tombe de leurs ancêtres. Ils sont en proie à des sentiments de déchirement qui ne les quitteront probablement pas de toute leur vie. Je veux apporter mon soutien, individuellement, à ces gens qui malgré tout continuent à aller de l'avant.
Yoshino Ôishi
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Misa (élève de 5ème), qui continue à vivre à proximité de la centrale nucléaire 1F, raconte : « Je m'inquiète pour la radioactivité, mais même si ça me tracasse je ne peux rien y faire, alors je passe mon temps au club, à faire mes activités, etc. » (Soma-Shi, 2011)
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M. Mikio Watanabe (62 ans), a perdu son épouse Hamako (58 ans) qui s'est donnée la mort en s'immolant par le feu. « Je pensais que ma femme était en train de brûler des ordures dans le jardin, mais... Lorsque je me suis précipité dehors, elle était déjà enveloppée par les flammes. Elle souffrait de ne pas pouvoir rentrer chez elle, dans sa ville natale. » (Kawamata Yamakiya-tiku, 2012)
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Une semaine après s'être mariés, M. Daisuke Shigihara et Mme Tomoe Shigihara ont dû être évacués du district du Yamakiya, commune de Kawamata, à cause du séisme, et ils ont commencé à vivre dans la ville de Fukushima où ils ont loué un appartement. Avec la naissance de leur fille l'espoir a refait surface, mais il leur sera difficile de rentrer chez eux. Finalement, les environs de leur maison dans leur ville natale se sont vite retrouvés envahis de big-bags, mais avec l'arrivée d'un nouveau membre dans la famille après cela, ils restent positifs. (Ville de Fukushima, 2013)
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Le long des chemins forestiers et dans les champs de la ville natale de M. Daisuke Shigihara sont entassés un peu partout des big-bags remplis de gravats et de terre contaminés par la radioactivité.
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Cela fait 8 ans que la centrale nucléaire a explosé, et que la zone a été évacuée ; et la ville a commencé à tomber en désuétude depuis longtemps. Les stores de bambou fixés aux habitations se décomposent progressivement. (Ôkuma-Machi, 2019)
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Afin de construire des unités de stockage temporaires, la maison et les champs de Ôkuma machi, ville natale de M. Mitsuharu Nemoto non seulement, mais également la tombe de ses ancêtres depuis cinq générations, sont détruits. Les larmes aux yeux, il caresse la pierre tombale. (Ôkuma-machi, 2019)
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À droite du réacteur numéro 1 de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi exploitée par TEPCO sont alignées les réacteurs 2, 3 et 4. Ils ont tous après le séisme, et ont été détruits. Devant, sont disposés des réservoirs destinés recueillir à l'eau contaminée que l'on a installés en empiétant sur la forêt. Tout à fait au premier plan s'étendent des champs et des habitations. Ces dernières ont été évacuées immédiatement après l'accident, et plus personne ne peut y vivre. (Ôkuma-machi, 2019)
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Des big-bags remplis de terre contaminée et de gravats acheminés depuis les zones souillées de Fukushima sont entassés sur le littoral qui doit accueillir des unités de stockage temporaire. Il est prévu que ces sacs soient classés et enfouis dans un avenir proche. (Ôkuma-machi, 2019)
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Espace entre les réacteurs 2 et 3 de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi de TEPCO. (2019)
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M. Yoshiaki Sato (60 ans) élève la voix et confie en pleurant : « Le fait que je ne puisse pas cultiver mes champs, dont je tire mes ressources pour vivre, est profondément triste, malheureux, et exaspérant. C'est insupportable, vous savez. Cet endroit est condamné... Maintenant, ni mes enfants ni mes petits-enfants ne pourront revenir ici. » (Iidate-mura, 2012)
Yoshino Oishi
Le 30 janvier 2019